La boiterie du cheval est l’un des signaux les plus préoccupants pour un cavalier ou un propriétaire. Elle traduit presque toujours une douleur, un déséquilibre ou une atteinte musculosquelettique, allant d’une simple contracture à une lésion plus grave.
Comprendre où apparaissent ces douleurs et pourquoi elles surviennent permet d’agir rapidement, d’éviter les complications et d’accompagner le cheval vers une locomotion plus saine.
Les zones les plus touchées lors d’une boiterie chez le cheval
Le cheval est un athlète à l’équilibre complexe : chaque foulée implique un dialogue constant entre muscles, tendons, articulations et structure osseuse. Certaines zones, plus sollicitées que d’autres, présentent davantage de risques de boiterie.
1. Les membres antérieurs : le pilier porteur
Les antérieurs supportent près de 60 % du poids du cheval.
À chaque transition, réception ou changement d’équilibre, des forces importantes s’exercent sur :
• les tendons,
• les articulations du boulet,
• les structures du pied.
Cette zone est donc particulièrement exposée aux boiteries, notamment en cas de travail intensif, de terrain irrégulier ou de ferrure inadaptée.
Les causes les plus fréquentes :
• Tendinites (fléchisseur superficiel, perforé)
• Atteintes du boulet : entorse, arthrose débutante
• Douleurs du pied : fourbure, abcès, seime, syndrome naviculaire
La moindre tension dans un tendon ou un muscle peut modifier la locomotion entière, car tout est interconnecté. Une simple gêne peut créer un schéma de compensation durable.
2. Les membres postérieurs : le moteur de la propulsion
Si les antérieurs portent, les postérieurs poussent.
Ils mobilisent un ensemble puissant de groupes musculaires : fessiers, ischio-jambiers, quadriceps… et des articulations complexes comme le jarret, très sollicité dans :
• les transitions montantes,
• le travail rassemblé,
• le saut,
• les montées.
Les boiteries postérieures sont souvent plus discrètes, mais tout aussi gênantes. Elles se manifestent par :
• un manque d’impulsion,
• des transitions difficiles,
• un dos qui se creuse,
• un cheval qui “traîne” un postérieur ou qui s’engage mal.
Parmi les causes les plus courantes :
• Atteintes du jarret : éparvin, entorse, kystes osseux
• Contractures du fessier, du semi-tendineux
• Déséquilibres musculaires entre bassin et ligne du dessus
Ce type de boiterie est souvent confondu avec un problème de dos, car les compensations peuvent rapidement remonter dans l’ensemble de la chaîne musculaire.
3. La ligne du dessus : le centre de transmission de la locomotion
De l’encolure à la croupe, la ligne du dessus agit comme une véritable chaîne élastique. Elle transmet la propulsion, absorbe les chocs et coordonne l’ensemble du mouvement. Pourtant, elle est souvent négligée dans l’analyse des boiteries.
Une douleur au dos peut entraîner une fausse boiterie, car le cheval cherche à se protéger, modifiant ainsi ses appuis.
Les causes les plus observées :
• Contracture du long dorsal
• Blocages des muscles du garrot
• Douleurs du trapèze ou du splénius, souvent liées à une selle inadaptée
Une gêne au niveau de la ligne du dessus se répercute immédiatement sur les antérieurs et les postérieurs. C’est pourquoi une approche strictement localisée (regarder uniquement un membre) passe parfois à côté de la vraie origine de la boiterie.
Pour aller plus loin : Top 10 des muscles les plus importants à connaître chez le cheval
Boiterie du cheval : comment réagir ?
Lorsqu’un cheval présente une boiterie, le premier réflexe doit être la prudence. Une intervention trop tardive ou une observation insuffisante peut aggraver la situation.
1. Arrêter le travail immédiatement
Il ne sert à rien de “voir si ça passe”.
Chaque foulée supplémentaire peut :
• accentuer une lésion existante,
• augmenter l’inflammation,
• créer des compensations musculaires difficiles à corriger.
2. Observer calmement les symptômes
Prends le temps d’évaluer :
• chaleur locale,
• gonflement,
• pulsations digitales,
• asymétrie d’appui,
• cheval qui épargne un membre ou refuse l’engagement.
Note aussi les circonstances :
• retour de balade,
• effort intense,
• changement de ferrure,
• terrain dur ou glissant,
• séance de saut ou de dressage exigeante.
Cette observation aide énormément le vétérinaire pour établir un diagnostic.
3. Faire intervenir les bons professionnels
Selon la situation :
• Le vétérinaire réalise l’examen locomoteur, radios, échographies, flexions…
• Le maréchal-ferrant vérifie l’équilibre du pied et détecte les causes podales
• Le praticien en biomécanique ou ostéopathie équine rétablit les équilibres musculaires et les compensations
Une boiterie n’est presque jamais un problème isolé : elle affecte toute la locomotion.
4. Ne pas négliger les compensations musculaires
Même lorsque la lésion principale est guérie, certains muscles restent :
• contractés,
• affaiblis,
• en déséquilibre,
• sursollicités.
Ces tensions résiduelles peuvent provoquer des récidives. D’où l’intérêt de comprendre les chaînes musculaires et leurs interactions.
Pourquoi comprendre les muscles aide à prévenir la boiterie du cheval ?
Dans de nombreux cas, la boiterie trouve son origine dans une chaîne musculaire tendue ou mal sollicitée.
Savoir reconnaître ces zones permet :
• d’anticiper les déséquilibres,
• d’adapter le travail,
• de prévenir les blessures,
• de mieux comprendre son cheval au quotidien.
Et pour cela, rien ne remplace une bonne connaissance de la myologie équine.
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• d’identifier chaque muscle,
• de comprendre son rôle,
• de visualiser ses interactions,
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• mieux interpréter les boiteries,
• accompagner la rééducation,
• optimiser l’entraînement,
• observer plus finement son cheval au pré ou au travail.