Connaître les muscles du cheval permet de mieux comprendre son mouvement, sa locomotion et son confort. Chaque muscle joue un rôle précis dans la propulsion, l’équilibre, la souplesse ou encore la posture.
Découvrons ensemble les 10 muscles les plus essentiels à connaître pour tout cavalier, praticien ou passionné souhaitant affiner son regard sur la biomécanique équine.
Le grand dorsal : la passerelle entre l’arrière et l’avant-main
Le grand dorsal relie le dos du cheval à son membre antérieur. C’est un large muscle triangulaire, situé sous la selle, entre le garrot et la dernière côte.
Sa fonction ? Fléchir l’épaule et tirer le membre vers l’arrière. Il joue un rôle clé dans la propulsion : c’est lui qui aide à transmettre la puissance des postérieurs vers l’avant-main.
Un grand dorsal trop contracté limite l’ouverture d’épaule et raccourcit la foulée. À l’inverse, un muscle relâché favorise la liberté du mouvement et la montée du dos. C’est donc un muscle à entretenir par des exercices d’étirement et de décontraction.
Le trapèze : le gardien de la liberté d’épaules
Situé autour du garrot et du haut de l’encolure, le trapèze possède deux parties (cervicale et thoracique).Sa mission : élever et mobiliser l’omoplate, contribuant à la suspension scapulaire et à la stabilité de la ceinture thoracique. Un trapèze souple et actif donne au cheval une encolure libre et un garrot mobile, essentiels à la posture et à la fluidité du mouvement.
Lorsqu’il est tendu, le garrot se fige : la locomotion devient raide et la ligne du dessus se bloque.
Le grand fessier : le moteur de la propulsion
Impossible de parler de muscle cheval sans évoquer le grand fessier, la véritable centrale de puissance du cheval.
C’est le moteur principal de la poussée postérieure, situé sur la croupe, formant une masse arrondie bien visible.
Il étend la hanche et propulse le cheval vers l’avant. Une faiblesse dans ce muscle se traduit souvent par une perte de poussée, des transitions montantes difficiles ou un bassin asymétrique.
Travailler sur des terrains variés, avec des montées et descentes, aide à renforcer ce groupe musculaire fondamental.
Le biceps fémoral : le pilier de la propulsion et de la stabilité
Ce grand muscle latéral de la cuisse agit sur la hanche, le grasset et le jarret. Il coordonne le mouvement de tout l’arrière-main.
Le biceps fémoral est donc essentiel à la stabilité du bassin et à la propulsion. Lorsqu’il se contracte de manière excessive, le grasset perd en mobilité et le cheval présente une difficulté d’engagement.
Un bon travail de mise en avant et d’assouplissement est indispensable pour garder ce muscle fonctionnel et souple.
Le long triceps brachial : la clé de la stabilité antérieure
Entre l’épaule et le coude, le long triceps brachial joue un rôle majeur dans la stabilisation du membre antérieur pendant la phase d’appui.
Il étend le coude et agit comme un amortisseur à chaque réception au sol. Quand il est douloureux, on observe souvent une irrégularité à l’antérieur, voire une boiterie légère.
Un travail régulier sur sol souple, sans surcharge, permet de préserver sa tonicité sans générer de tension.
Le sterno-céphalique : le muscle de la posture de tête
Sous la gorge, de part et d’autre de la trachée, se trouve le sterno-céphalique. Il fléchit l’encolure et attire la tête vers le bas et le côté.
C’est un indicateur de tension cervicale : chez les chevaux qui s’appuient sur le mors ou s’encapuchonnent, il devient souvent hypertrophié.
Un excès de sollicitation de ce muscle perturbe l’équilibre du cheval et bloque la mobilité de l’encolure. Il travaille en opposition au splénius pour maintenir un juste équilibre cervico-thoracique.
Le splénius : l’équilibre et la légèreté du port de tête
À l’arrière du cou, entre la nuque et l’épaule, le splénius est un stabilisateur essentiel du haut de l’encolure. Il élève et étend la tête, participant à l’équilibre longitudinal du cheval. Un splénius détendu favorise la légèreté en main et la souplesse dans les incurvations.
Lorsqu’il est tendu, au contraire, l’encolure devient rigide, rendant le cheval plus difficile à placer ou à incurver.
Les abdominaux : le gainage du dos porteur
Les abdominaux (obliques et droit de l’abdomen) jouent un rôle souvent sous-estimé : ils soutiennent le dos et participent activement à l’engagement des postérieurs.
Situés le long de la ligne ventrale et des flancs, ils stabilisent la colonne et aident à la montée du thorax entre les épaules. Un cheval avec des abdominaux faibles aura tendance à creuser le dos et à se désunir.
À l’inverse, un cheval « gainé » possède un dos porteur, capable de supporter le cavalier et d’évoluer dans une posture juste.
Les exercices de transitions, barres au sol et travail en côte sont excellents pour renforcer cette zone.
Le longissimus : la colonne vertébrale du mouvement
Le longissimus dorsi longe la colonne vertébrale, du garrot à la croupe. C’est le muscle clé du dos porteur, souvent siège de tensions. Il stabilise et étend la colonne, transmet la poussée des postérieurs vers l’avant et assure la continuité du mouvement.
Un cheval douloureux sur cette zone présentera une perte d’impulsion, une rigidité dorsale ou un dos figé.
Un bon relâchement du longissimus est le signe d’un cheval détendu et bien dans son corps.
Les pectoraux : la base de l’équilibre avant/arrière
Placés à la base du poitrail, les pectoraux superficiels et profonds relient le thorax aux membres antérieurs.
Ils permettent de ramener le membre sous le corps et participent à la propulsion et à la suspension.
Ils jouent également un rôle majeur dans l’équilibre antéro-postérieur. Quand ils sont tendus, les épaules se bloquent, le cheval a du mal à « monter son garrot » et son équilibre général s’en ressent.
Bon à connaître aussi
• Deltoïde : intervient dans le mouvement de l’épaule.
• Semi-tendineux / semi-membraneux : essentiels à la propulsion et à la stabilité du bassin.
• Masséter : participe à l’équilibre masticatoire et influence la tension mandibulaire.
Comprendre la synergie musculaire pour un cheval en harmonie
Ces dix muscles ne fonctionnent jamais seuls. Ils forment une chaîne myofasciale complète, où chaque maillon influence les autres.
Une simple tension, faiblesse ou douleur dans l’un d’entre eux peut déséquilibrer tout le mouvement du cheval : perte d’amplitude, raideur, dos creux, asymétrie…
Travailler un cheval dans la décontraction, avec un engagement postérieur et une montée du dos, permet de préserver cette harmonie musculaire.
C’est le secret d’un cheval équilibré, performant et bien dans son corps. Pour aller plus loin, découvrez le livre « Comprendre la myologie du cheval », de Julia Prevel. Un ouvrage complet pour apprendre à observer et analyser la musculature de votre cheval, avec des schémas détaillés et un texte explicatif pour chaque muscle.